Les Piliers de la République rejoignent le CNTS

Les Piliers de la République vont quitter la place de la République dans les prochaines semaines. Après des travaux de restauration, ils seront installés au Centre national de tir sportif. Tout un symbole pour cette œuvre de Guy de Rougemont représentant les valeurs de la République.

L'histoire des trois colonnes de la place de la République

Trois colonnes comme point d’orgue de Centre 2000

Trois colonnes comme point d’orgue de Centre 2000 Débutée en 1996, la rénovation de la place de la République à Châteauroux bénéficie du soutien de l’opération Centre 2000. Un dispositif national, comparable à celui actuel d’Action cœur de ville, qui a pour objectif de moderniser mais aussi redynamiser les centres-villes.

Le 4 juin 1999, le maire, Jean-Yves Gateaud, acte une commande auprès de l’artiste Guy de Rougemont dans le cadre de ces travaux pour "une intervention artistique portant sur une création et production d’une œuvre d’art composée de trois colonnes à implanter sur la place."

L’objectif de cet aménagement est de "faire chanter la place", indiquait alors le Maire-adjoint chargé des Affaires culturelles, Pierre Josse.

Une œuvre qui surprend

Hauts de 10 mètres et d’un diamètre d’un mètre, les trois Piliers de la République sont installés le 3 juillet avant d’être inaugurés dix jours plus tard, le 13 juillet 2000.
Ces trois "colonnes" représentent les valeurs de la République :

  • liberté : à gauche en sortant du hall de l’hôtel de ville (dominante bleu),
  • égalité : au centre de la place (dominante blanc),
  • fraternité : proche du café de Paris (dominante rouge).

Disposés en triangle, les Piliers font référence aux frontons triangulaires qui ornaient les bâtiments officiels. Réalisées par l’entreprise Beirens, basée à Buzançais et spécialiste de l'intégration d'échappement industriel en process industriel, ces trois colonnes se dressant sur la place centrale de Châteauroux ne passent pas inaperçues. Loin de là. Nombreux sont les habitants à penser qu’il s’agit alors d’une œuvre éphémère installée à l’occasion des festivités du 14 juillet.

Les avis des habitants rencontrés par La Nouvelle République (édition du 19 juillet 2000) sont partagés. "Nullement choquantes", "surpris et ravis de découvrir les colonnes" ou encore "depuis quand est-il de si mauvais goût d’associer l’art moderne à un décor classique ?", se félicitent des citoyens voyant d’un bon œil cette réalisation.

Quand d’autres Castelroussins jugent plus sévèrement l’œuvre : "Comment se taire devant ces colonnes énormes et prétentieuses ?", "horribles", "en matière de provocation, l’implantation des trois colonnes a atteint son but (Alphyre au rond-point du Bombardon n’était qu’une timide tentative)."

La Ville versera une somme d’un montant de 250 000 francs à Guy de Rougemont pour cette réalisation qui détonne.

Guy de Rougemont, artiste-académicien

Guy de Rougemont, artiste-académicien

Né à Paris le 23 avril 1935, Guy de Rougemont est à la fois peintre, sculpteur et membre de l’Académie des Beaux-arts depuis 1997.

Diplômé de l’École nationale des arts décoratifs de Paris, il est l’auteur d’œuvres architecturales reconnues mondialement à l’image de la gare du RER à Marne-la-Vallée,le parvis du Musée d’Orsay, l’Hakone Open Air Museum au Japon, le Parc métropolitain de Quito (Équateur) ou encore des aménagements environnementaux comme pour l’autoroute A4 (Paris-Strasbourg).

Guy de Rougemont candidate également en 1983 au projet pour la cour d’honneur du Palais Royal à Paris lancé par le ministère de la Culture, sous l’impulsion du Président de la République, François Mitterrand. Les colonnes de Buren (du nom de l’artiste Daniel Buren) seront finalement retenues.

Avant la création des Piliers de la République à Châteauroux, Guy de Rougemont expose aux Cordeliers et au Musée Bertrand en 1994.

Il décède à l’âge de 86 ans à Montpellier le 19 août 2021.

Les valeurs de la République offertes à un site international

Gil Avérous, quelques semaines après son élection en 2014, rencontre Guy de Rougemont pour évoquer le devenir des trois Piliers de la République. L’artiste se dit alors ouvert à un enlèvement ou à un déplacement de sa réalisation de la place de la République à condition de conserver le symbolisme et les valeurs qu’elles représentent.

Vingt-trois après leur installation, les trois Piliers de la République vont ainsi être retirés.

La Ville a proposé d’offrir les trois colonnes au Centre national de tir sportif. Un site international qui accueillera les épreuves de tir et de paratir à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. "Un don des valeurs de la République à un site international", se félicite le Maire, Gil Avérous. Des travaux de sécurité ont débuté il y a quelques jours. L’entreprise retenue interviendra dans les prochaines semaines pour le retrait des trois sculptures à l’aide d’une grue. La rue Victor-Hugo sera alors bloquée à la circulation durant une journée pour effectuer l’opération en toute sécurité.

Après une restauration pour leur redonner du lustre, les colonnes seront érigées au CNTS.

L’inauguration officielle aura lieu le vendredi 23 juin 2023. Une date loin d’être anecdotique. En effet, c’est le 23 juin 1894 que Pierre de Coubertin participe, avec des délégués de huit pays, à la renaissance des Jeux olympiques en fondant le Comité international olympique.

Place de la République, vers un nouvel aménagement en 2025-2026

Après les requalifications des places Sainte-Hélène, Napoléon, Monestier ou encore Gambetta, c’est la place de la République qui fait l’objet d’une réflexion de réaménagement.

Avec le retrait des Piliers de la République, c’est un projet global de redynamisation, de verdissement, d’amélioration de l’éclairage public et de mise en valeur de la façade de l’hôtel de ville qui est lancé.

Un travail étroit de concertation est mené avec l’architecte des Bâtiments de France